Monif AJAJ
Né en 1968 à Deir Es-Zor en Syrie, Monif Ajaj part étudier en Union Soviétique à l’Académie Bélarusse des Beaux-Arts de Minsk. Diplômé en 1995, il retourne en Syrie où il doit effectuer son service militaire avant d’enseigner à la faculté des Beaux-Arts de Damas. A partir de 2004, sa peinture prend un tour plus politique. Ses grands portraits de rue accompagnent en 2011 la Révolution syrienne. L’année suivante Monif Ajaj se voit contraint de quitter son pays pour la France.
Depuis lors, ses peintures et ses dessins dénoncent la dictature, les massacres et le traitement des prisonniers politiques. Ils pointent la violence d’une société patriarcale où figurent des gradés et des moustachus imbus d’eux-mêmes. La figure de l’âne revient volontiers, victime innocente ou symbole de la bêtise des sanguinaires. Ses dessins à l'encre de chine colorée campent avec brio des scènes énigmatiques où une jeep s’éloigne laissant derrière elle une flaque de sang, où un lion aux testicules hypertrophiés rugit sans raison apparente. Autant ses toiles de grand format témoignent d’une gestualité puissante, autant la fluidité et la légèreté traversent ses dessins qu'elle que soit la violence du sujet. Car, si elle pointe l’horreur et le drame, l’œuvre de Monif Ajaj reste toujours allusive, empreinte d’humour et de vitalité.
Installé en Dordogne, à Corgnac-sur-Lisle, Monif Ajaj vit en 2018 un véritable tournant. Ses sujets se détachent de la Syrie et la nature devient omniprésente. Elle se manifeste sous la forme de feuillages, d’escargots ou de limaces qui traversent le blanc du papier. Son expérience d’artiste en résidence dans différentes institutions psychiatriques ou de réinsertion (Fondation John Bost, à La Force, hôpital Vauclaire, Association Transition, à Toulouse) lui inspire, depuis 2019, une nouvelle série. Œuvre de peintre avant tout, ses toiles campent avec vigueur des aplats de couleurs vives (jaune citron, violet, magenta) et laissent visibles les coups de brosse, les éclaboussures. Si la maladie, la difficulté se lit sur les visages hagards et les corps déformés, elle se mêle à la légèreté du quotidien évoquée par la présence d’un simple objet (pilule, verre d’eau, banc..). L’enfermement et la souffrance sont palpables dans ces espaces clos, mais tout reste vibrant de vie et d’humanité.
Born in 1968 in Deir ez-Zor, Syria, Monif Ajaj left his country to study at the Belarusian Academy of Arts in Minsk. After graduating in 1995, he returned to Syria where he performed his military service and then began teaching at the Damascus Faculty of Fine Arts. As of 2004, his painting became more politically oriented. During the Syrian Revolution in 2011, he created large street portraits. Forced to flee his country the following year, Monif Ajaj settled in France.
Since then, his paintings and drawings have denounced dictatorship, massacres and the cruel treatment of political prisoners. They condemn the violence of a patriarchal society, with its arrogant, moustachioed, high-ranking figures. The motif of the donkey appears frequently, representing an innocent victim or symbolising the idiocy of the bloodthirsty torturers. His coloured ink drawings, executed with great brio, depict enigmatic scenes: a jeep drives off, leaving behind it a pool of blood; a lion with bloated testicles roars for no apparent reason. While the artist’s large paintings are characterised by powerful gestures, his fluid drawings display a remarkably light touch, no matter how violent the subject. For though Monif Ajaj’s work denounces horror and tragedy, it remains allusive, humorous, and full of vitality.
Now living in Corgnac-sur-Lisle in Dordogne, in 2018 Monif Ajaj experienced an important turning point. As he gained distance from Syria, Nature became an omnipresent concern in his work, as may be seen in the leaves, snails and slugs that make their way across the white paper. His experiences as an artist in residence in psychiatric institutions and rehabilitation centres (John Bost Foundation in La Force, Vauclaire hospital, Transition Association in Toulouse) inspired a new series that began in 2019. These eminently painterly canvases display vigorous swathes of bright colours (lemon yellow, violet, magenta) leaving their brush strokes and paint splashes clearly visible. While the haggard faces and deformed bodies speak of illness and suffering, they are accompanied by more light-hearted evocations of daily life in the form of simple objects (pills, glass of water, a bench...). While confinement and suffering are palpable in these closed-off spaces, the work is vibrant with life and humanity.