Maral BOULOURI
Née en 1982 à Téhéran, Maral Bolouri y étudie la peinture avant de partir pour la Malaisie où elle effectue un master d’art contemporain et de design. En 2012, elle s’envole pour Nairobi où elle côtoie une communauté artistique et intellectuelle tournée vers les problématiques postcoloniales et de genre. Son installation Mothers and Others qui dénonce l’absurdité des stéréotypes imposés aux femmes, remporte le prestigieux prix sud-africain Absa L’Atelier, en 2017. Assorti d’une résidence de six mois à la Cité internationale des Arts, ce prix l’amène à Paris où elle décide de rester. Elle fait aujourd’hui partie de l’Atelier des artistes en exil.
Maral Bolouri fait très tôt l’expérience de l’enfermement identitaire qui caractérise les mondes de l’art et d’ailleurs, ces identity-politics, ou politiques d’identité que son travail s’emploie à révéler. Sa peinture n’est pas assez «iranienne» à Téhéran, sa peau n’est pas assez «noire» en Afrique, son travail ne traite pas assez de son parcours de «réfugiée» en France. Profitant de sa position de marginale, sans étiquette, pour conquérir liberté politique et artistique, elle s’attaque à la pression phénoménale exercée sur les artistes aux vécus historiquement singuliers, sommés de les raconter et de les (re)produire en termes d’identité, de passé, de genre, de statut, de violence politique et de valeur morale.
Les dessins érotiques tracés à l’aveugle, Remonter des Enfers, s’inspirent du mythe d’Eurydice tel que l’interprète Anne Dufourmantelle dans son livre Eloge du risque. Dans la série Destiny II, des portraits de militantes et militants, sertis d’un motif ornemental persan, portent au front une injonction normative : «une femme doit dire oui» pour une activiste des droits de l’homme, «une femme n’a pas besoin d’éducation» pour une féministe, etc. Plusieurs travaux de Maral Bolouri font partie de la collection permanente de la Banque Mondiale.
https://www.jeanne-magazine.com/non-classe/2018/12/11/maral-bolouri-le-corps-en-plein-coeur_15607/
Born in Teheran in 1982, Maral Bolouri studied painting there before leaving for Malaysia, where she earned a Masters degree in contemporary art and design. In 2012 she travelled to Nairobi, where she joined an artistic and intellectual community that explored questions of post-colonialism and gender. Her installation Mothers and Others, which denounces the absurd stereotypes imposed on women, won the prestigious South African Absa L’Atelier prize in 2017. The prize included a six-month residency at the Cité internationale des Arts in Paris, where she decided to stay. Today she is a member of the Atelier des artistes en exil.
Very early on, Maral Bolouri experienced the feeling of being locked into an identity that is common in the art world and in other milieus. She tries to expose this sort of politics of identity in her work. In Teheran her painting is considered “not Iranian enough”; in Africa her skin is “not black enough”; in France her work does not sufficiently address her experiences as a refugee. Taking advantage of her marginal position and lack of a “label” to gain political and artistic freedom, she confronts the enormous pressure exerted on artists who have had historically difficult experiences and are expected to tell their stories and (re)produce them in terms of identity, the past, gender, status, political violence, and moral values.
The blindly executed erotic drawings of Remonter des Enfers were inspired by the myth of Eurydice as interpreted by Anne Dufourmantelle in her book “Eloge du risque”. In the series Destiny II portraits of militants, with inset Persian ornamental motifs, bear stern injunctions on their foreheads: “a woman must say yes” for a human rights activist; “a woman doesn’t need an education” for a feminist; etc. Several works by Maral Bolouri are in the permanent collection of the World Bank.
https://www.jeanne-magazine.com/non-classe/2018/12/11/maral-bolouri-le-corps-en-plein-coeur_15607/